Auteur : Yasmina Reza
Titre original : –
Traducteur : –
Éditeur : Flammarion
Date de publication : 2013
Nombre de pages : 187
Dans le 95, qui va de la place Clichy à la porte de Vanves, je me suis souvenue de ce qui m’avait enchaînée à Igor Lorrain. Non pas l’amour, ou n’importe lequel des noms qu’on donne au sentiment, mais la sauvagerie. Il s’est penché et il a dit, tu me reconnais ? J’ai dit, oui et non. Il a souri. Je me suis souvenue aussi qu’autrefois je n’arrivais jamais à lui répondre avec netteté. – Tu t’appelles toujours Hélène Barnèche ? – Oui. – Tu es toujours mariée avec Raoul Barnèche ? – Oui. J’aurais voulu faire une phrase plus longue, mais je n’étais pas capable de le tutoyer. Il avait des cheveux longs poivre et sel, mis en arrière d’une curieuse façon, et un cou empâté. Dans ses yeux, je retrouvais la graine de folie sombre qui m’avait aspirée. Je me suis passée en revue mentalement. Ma coiffure, ma robe et mon gilet, mes mains. Il s’est penché encore pour dire, tu es heureuse ? J’ai dit, oui, et j’ai pensé, quel culot. Il a hoché la tête et pris un petit air attendri, tu es heureuse, bravo.
Le livre Heureux les heureux de Yasmina Reza n’est ni un roman, ni une série de nouvelles. En effet, ces 21 petits textes n’ont ni début ni fin, ils sont un moment extrait d’une vie ou plutôt de 18 vies. Chaque chapitre donne la parole à un personnage, on en rencontre 18 différents qui soit sont de la même famille, soit sont amis, soit se croisent simplement.
Il faut avouer que 18 personnages différents auxquels Yasmina Reza ne consacrent pour certains que 2 ou 3 pages ça fait beaucoup, et que j’ai eu un peu de mal à tous les situer sans revenir en arrière. Mais cela, n’a en rien gâché mon plaisir dans cette lecture.
Yasmina Reza a parfaitement su croquer ses moments de vie et a réussi avec brio à décortiquer ces évènements ordinaires qui font le quotidien. Son regard est immanquablement caustique sur ces petits maux qui font notre société.
Les personnages que l’auteur nous présentent sont plutôt des « gagnants », ils sont tous plutôt aisés, ils ont tous une profession dite supérieure… on les imaginerait sans peine dans leurs cocons douillés, c’est pourtant leurs doutes, leurs fragilités, leurs perditions qui ressortent de ces fragments de vie autour des thèmes comme l’amour, l’amitié, la maladie, la reconnaissance de l’autre et de soi…
Un roman drôle, un regard acerbe, une imagination cruelle et débordante qui m’ont réjouie tout le long de cette lecture. Le passage sur les Hunter et leur fils Jacob, fan exagéré de Céline Dion, m’a particulièrement enchantée.
Un livre à lire rapidement…
J’ai lu ce livre dans le cadre des challenges :
# Le Challenge des 170 idées – Chez Herlan
# Le Challenge Haut en couleurs – Chez Addiction Littéraire